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novembre-décembre 2011

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Sommaire Place publique # 30

LE DOSSIER

Le socialisme à visage urbain

• Christian Bougeard Pourquoi une telle poussée de la gauche dans la France de l’Ouest ?
Lors des élections municipales de 1977, de nombreuses villes du pays basculent à gauche. Cette poussée est particulièrement marquée en Bretagne et dans plusieurs villes de l’Ouest de la France. Peut-on alors parler d’un début de basculement à gauche de la région ? Quelle est l’ampleur du mouvement et quels en sont les facteurs ?
• François Prigent La révolution des réseaux socialistes
Les élections municipales de mars 1977 correspondent à un temps fort dans la montée en puissance de la gauche non communiste, celle du nouveau socialisme version PS. Durant ce cycle d’Épinay (1973-1981), la bipolarisation du système partisan régional s’accélère. C’est aussi le point de départ de trajectoires d’élus de premier plan, mettant en lumière la mobilisation de réseaux militants pluriels.
• Cinq itinéraires d’élus
À titre d’exemple, voici parmi cent autres, cinq trajectoires militantes d’élus socialistes de la «génération 77». Les notices biographiques s’inspirant du travail réalisé dans le cadre du dictionnaire Maitron.
Francis Le Blé (1929-1989),
de l’Arsenal à la mairie de Brest
Louis Chopier (1931-2000),
du syndicalisme paysan au parlement européen
Claudy Lebreton,
un élu au cœur des réseaux
Joseph Rouxel (1924-2003),
de la CFTC au PS
Camille Durand,
un chrétien de gauche du PS
• Yvon Tranvouez La place des catholiques dans la conquête de Brest
Socialiste et catholique, Francis Le Blé emporte la mairie de Brest en 1977 au côté des communistes. Depuis les années 60, les militants catholiques (JOC, JEC, CFDT) avaient renouvelé le contenu de la gauche non communiste à Brest. Leur part dans la victoire de 1977 est indéniable même si elle reste difficile à apprécier.
• Yvon Tranvouez : Les chrétiens de gauche ont disparu
Est-ce l’engagement à gauche de militants catholiques ou la perte d’influence de l’Église qui explique la mutation politique de l’Ouest ? Toujours est-il que les catholiques de gauche ont disparu en tant que force organisée parce que l’articulation entre foi et politique n’est plus un problème aujourd’hui.
• Edmond Hervé : « Notre représentativité était indiscutable »
Élu maire de Rennes dans la vague de 1977, Edmond Hervé analyse les raisons de cette victoire : influence de Vatican II et de Mai 68, naissance d’un nouveau PS rassembleur, adéquation entre une équipe de militants et la nouvelle population rennaise, bienfaits de l’union de la gauche, jonction réussie entre chrétiens et laïques, approche pragmatique des dossiers locaux…
• Alain Chénard : « Nous savions surtout ce qu’il ne fallait pas faire »
Élu de justesse en 1977 à Nantes à la liste d’une liste d’union de la gauche, Alain Chénard n’effectuera qu’un mandat de maire. Mais il sera particulièrement fertile en réalisations, à commencer par le tramway, un choix effectué depuis par de nombreuses villes françaises.
• Jean-Louis Violeau Une éclaircie urbaine à l’Ouest ?
L’urbanisme et l’architecture ont été un marqueur des mutations politiques à l’œuvre dans les villes de l’Ouest comme le montrent les exemples de Nantes, Rennes, Saint-Nazaire, La Roche-sur-Yon et Brest. Mais quand, en 1977, on rêvait de changer la ville et la vie dans un même mouvement, s’amorçait la mondialisation qui a depuis rebattu les cartes entre les territoires
• Dominque Sagot-Duvauroux Culture : le clivage ne passe pas entre la droite et la gauche
Les Villes sont aujourd’hui les premiers financeurs de la culture, loin devant l’État, les Régions et les Départements. Et sur ce point, il n’existe guère de différences entre villes de droite et villes de gauche. Ce qui ne signifie pas que les considérations politiques n’interviennent pas dans les choix de politiques culturelles. Mais ces choix ne se laissent pas résumer au clivage droite-gauche.
• Goulven Boudic Entre les socialistes et les Verts, l’union est un combat
Des cultures et des projets différents ont rendu difficiles les relations entre les socialistes et les Verts, devenus la deuxième force de gauche. Selon les villes, les scénarios diffèrent : alliances durables ou ruptures éclatantes. Cela dit, les thèmes chers aux écologistes occupent une place croissante dans les pratiques et les discours municipaux. Mais cela ne permet pas de pronostiquer l’avenir de la relation entre ces associés rivaux que sont voués à demeurer les deux partenaires.
• Rémi Lefebvre De «changer la ville» aux villes «attractives»
Dans les années 1970, le nouveau Parti socialiste redécouvre le local comme lieu de contre-pouvoir : changer la ville, changer la vie. C’est la toile de fond de sa victoire aux municipales de 1977. Mais, dès 1983, alors qu’il a pris le pouvoir nationalement, il tend à gommer les caractères les plus distinctifs d’une gestion municipale de gauche. Malgré des velléités de repolitisation, cette tendance s’est globalement confirmée depuis, en raison notamment de la concurrence croissante entre les territoires et de la volonté de rendre les villes « attractives ». Si bien que les socialistes ont gagné en légitimité gestionnaire ce qu’ils ont perdu en capacité à produire une nouvelle utopie urbaine…
• Frank Louvrier : «La fin d’un cycle»
Le cycle ouvert en 1977 est en train de s’achever, estime Franck Louvrier. Des personnalités de droite peuvent profiter de successions incertaines pour ravir les villes tenues par la gauche. À condition d’être bien implantées et de savoir rassembler au-delà de leur camp.
Que s’est-il passé depuis 1977 ? Sept élus témoignent
Sept élus de l’Ouest répondent à six questions posées par Place Publique. Cinq d’entre eux sont des maires socialistes ou l’ont été : Jacques Auxiette (La Roche-sur-Yon), Jean-Marc Ayrault (Nantes), Jean-Claude Boulard (Le Mans), Daniel Delaveau (Rennes), Jacques Floch (Rezé), Bernard Poignant (Quimper). La sixième, Johanna Rolland, adjointe à Nantes, n’était pas née en 1977. C’est même pour cela que nous l’avons choisie. Ils livrent leur témoignage et leur analyse. Leurs propos permettent de cerner les caractéristiques du pouvoir de gauche apparu dans les villes en 1977. Et de s’interroger sur l’éventuelle spécificité d’une gestion municipale socialiste dans l’Ouest de la France.
PATRIMOINE
La lettre C comme Canal (de Nantes à Brest), Château de la Close, Chevreau (Henri, 1823-1903), Cordeliers (couvent des)
CONTEXTE > C’est quai de la Fosse, entre la passerelle Victor-Schoelcher et le pont Anne-de-Bretagne, qu’a été construit le Mémorial de l’abolition de l’esclavage. Des photographies anciennes nous permettent de nous faire une idée du passé de ce site, tellement important dans l’histoire et la mémoire de Nantes.
SIGNES DES TEMPS
Thierry Guidet Bloc-notes
Critiques
Livres
Expositions
La chronique d’architecture de Dominique Amouroux
La chronique disques de Jean Théfaine
La chronique de Jean-Luc Quéau
CONTRIBUTIONS
RÉSUMÉ > Il n’y a plus de patrimoine quand il est à la merci des potentats, de l’argent ou des mafias. Au moment où les Villes prennent un pouvoir croissant en matière de protection et de valorisation du patrimoine, il est important d’associer tous les acteurs au débat afin de ne pas sacrifier le durable à l’urgent.
RÉSUMÉ >  Les services d’urgence constituent-ils une nouvelle forme d’accès aux soins et d’entrée à l’hôpital ? Le recours sans cesse croissant aux urgences marque une nouvelle forme de consommation médicale, un nouveau type de rapport au système de santé qui concerne surtout les jeunes, les personnes âgées et les populations les moins aisées.
RÉSUMÉ > Un collège et un lycée public s’appuyant sur les principes de la pédagogie Freinet. C’est ce que souhaite voir créé dans l’agglomération nantaise un groupe de parents et d’enseignants, porteur du « projet CELESTIN». Célestin était le prénom de Freinet. C’est aussi un nom de code pour Collège Et Lycée frEinet de nanteS ciToyen, coopéraTif et iNnovant.
RÉSUMÉ >  En 1240, le duc de Bretagne expulse tous les juifs du duché. Cet épisode peu connu signe la fin de la présence d’une communauté juive en Bretagne au Moyen Âge. Elle s’explique par la conjugaison du fanatisme religieux et la volonté d’effacer les dettes d’aristocrates bretons envers des prêteurs juifs. Cette expulsion faisait suite à des massacres qui auraient coûté la vie à 3 000 juifs, suscitant la réprobation du pape.
INITIATIVES URBAINES
Marc Dumont est maître de conférences en aménagement urbain. Il est membre du laboratoire Eso-Rennes (Université de Rennes 2) et du Laboratoire LAUA (École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes). Il est membre du comité de rédaction de Place Publique Rennes.
CONTEXTE > Des poulaillers urbains, des serres-tunnels le long de la Loire, des composteurs collectifs, des marchés flottants… Dans ce texte d’anticipation, utopique mais pas farfelu, deux designers imaginent comment les «Ékovores» nantais vivront dans vingt ans.