Sommaire Place publique # 51
Dossier Laïcité, le pacte en péril • Thierry Guidet et Didier Guyvarc’h Abécédaire Cet abécédaire rappelle des faits et précise des notions en s’efforçant, dans toute la mesure du possible, d’effectuer un va-et-vient entre le local et le national, voire l’international. • Les textes fondateurs Le 29 novembre 1875, Clemenceau est élu président du Conseil municipal de Paris. Sans utiliser le mot, il fait de la laïcité, ce néologisme créé en 1871, l’axe de son action locale : « Le caractère dominant de notre politique municipale […] c’est d’être profondément imbue de l’esprit laïque, c’est-à-dire que, conformément aux traditions de la Révolution française, nous voudrions séparer le domaine de la Loi, à qui tous doivent obéissance, du domaine du Dogme, qui n’est accepté que par une fraction de citoyens ». Élu en 1876 à la Chambre des députés, où il siège alors à l’extrême gauche, Clemenceau n’a de cesse de se battre pour la séparation des Églises et de l’État, pour la stricte délimitation de la sphère publique, expression de la loi commune, et de la sphère privée, domaine de la liberté individuelle. En 1901, Pierre Waldeck-Rousseau, président du Conseil, fait voter la loi sur les associations qui garantit la liberté de constitution, sauf aux congrégations religieuses qui doivent obtenir une autorisation législative. En 1905, Aristide Briand rapporte au Parlement la loi qui sépare les Églises de l’État. • Henri Peña-Ruiz : « Les principes sont faits pour être appliqués » A vouloir pluraliser le concept de laïcité on l’affaiblit inévitablement. La laïcité est un principe d’organisation de la puissance publique qui rend possible la liberté, l’égalité et la fraternité. Dès lors, on peut affirmer sans crainte qu’elle n’a rien perdu de son actualité ni de son universalité. • Raphaël Liogier : « Une laïcité d’exception… » Nous tournons le dos à l’esprit de la loi de 1905. La laïcité devient une arme de combat contre les musulmans, boucs émissaires idéaux pour le populisme qui monte en brouillant les clivages politiques traditionnels. Au nom d’une guerre culturelle fantasmée, nous mettons en place une « laïcité d’exception » qui ne recule pas devant les atteintes aux libertés. • Bassem Asseh De Beyrouth à Nantes Bassem Asseh est né au Liban, dans un pays multiconfessionnel. Il vit à présent à Nantes, dans une République laïque. Au-delà d’un témoignage personnel, ce récit est riche d’enseignements sur deux manières de vivre ensemble. • Goulven Boudic De l’école aux mosquées, les métamorphoses nantaises de la laïcité Brosser une rapide histoire de la laïcité à Nantes au cours du dernier demi-siècle permet d’illustrer les débats contemporains autour de cette notion. Le terrain scolaire a été pacifié. De manière pragmatique ont été imaginées des solutions en faveur de l’exercice du culte musulman. Et si cette politique d’accommodements était celle d’une République à la fois généreuse et offensive, qui assume le choix de la confrontation raisonnable et de la citoyenneté commune ? • Charles Nicol Une laïcité à la nazairienne ? Ville ouvrière et portuaire née au milieu du 19e siècle, spontanément acquise aux idées neuves, Saint-Nazaire s’est très rapidement émancipée de l’encadrement clérical si prégnant dans l’Ouest. Des personnalités qui y sont attachées comme Pierre Waldeck-Rousseau ou Aristide Briand jouèrent un rôle décisif dans l’histoire de la laïcité. L’importance de l’enseignement public et de la franc-maçonnerie dessinent une laïcité à la nazairienne, très méfiante à l’égard des postures communautaristes, sans que d’ailleurs la vitalité des pratiques religieuses n’en souffre. • Face au radicalisme religieux, former les fonctionnaires territoriaux À des fonctionnaires territoriaux et des salariés d’associations suivent une formation sur les religions, la laïcité et les postures professionnelles, conduite par le Centre interculturel de documentation (Cid) avec le concours de l’anthropologue Dounia Bouzar. Aïcha Boutaleb, la directrice du Cid, témoigne. • Les enseignants en première ligne Comment forme-t-on les enseignants à enseigner la laïcité ? Comment les prépare-t-on à faire face à des élèves pour qui les valeurs de la République ne vont pas de soi ? Entretien avec Françoise Claquin, Lucie Desailly et Jérôme Beliard, trois responsables de l’ESPE, l’École supérieure du professorat et de l’éducation, là où les futurs enseignants apprennent leur métier. Une conversation restituée sous forme d’éclats, de verbatim, de morceaux choisis. • Alain Forest : « Mieux vaut convaincre que contraindre » Le mouvement laïque reste puissant dans le département. Mais il doit assurer son renouvellement générationnel et s’adapter à un environnement où la guerre scolaire apparaît bien dépassée. La question majeure est devenue celle de l’éducation à la citoyenneté de jeunes qui ne sont pas spontanément acquis aux valeurs républicaines. • Restaurants scolaires : Peut-on encore manger autour de la même table ? Il y a longtemps que l’école est confrontée à la diversité des traditions et des prescriptions alimentaires. Aujourd’hui, les réponses concrètes aux demandes des parents sont multiples. Mais comment prétendre vivre ensemble s’il devient impossible de se retrouver pour partager un repas ? |
HISTOIRE • Christian Bougeard Il y a 70 ans, Saint-Nazaire, la dernière ville française libérée En cas de débarquement allié à l’Ouest, une partie des troupes allemandes devait se replier autour de quelques ports. Ce fut notamment le cas à Saint-Nazaire, la dernière ville libérée en France, autour de laquelle s’était formée la plus vaste des poches de l’Atlantique. • Béatrix Guillet et Martine Jéhanno Au jour le jour, deux soldats racontent les combats Ce récit qui prend la forme d’une chronique de guerre est construit à partir des documents et des témoignages de Louis Chevallier et de Raymond Olivieri, retranscrits, sans commentaire, dans leur vérité et leur sincérité. Il raconte la banalité du vécu militaire au jour le jour de deux jeunes gens. Les informations ont été vérifiées avec le Journal de marche de Gérard Villebesseix (même cursus militaire, mais affecté à l’état major) et les livres de Luc Braeuer, Histoire de la poche de Saint-Nazaire et Forteresse Saint-Nazaire. Les papiers familiaux (carnets de guerre, papiers militaires, permission, démobilisation, état signalétique et des services) en possession de Béatrix Guillet, fille de Louis Chevallier et le recueil Une vie marseillaise écrit par Raymond Olivieri à destination de sa famille donnent à ce texte un caractère inédit. Il doit beaucoup à la mémoire, la gentillesse, et la disponibilité de Raymond Olivieri. • Maryse Collet Images de la vie quotidienne |
LA CARTE ET LE TERRITOIRE • Cathy Chauveau et Benoît Ferrandon La crise : un coup d’arrêt à l’étalement urbain ? Depuis la crise de 2008-2009, on connaît un brutal coup de frein sur les constructions neuves dans les deuxième et troisième couronnes nantaises ainsi que dans le nord de la presqu’île de Guérande. Cela au profit des grands centres urbains du département. Reste à savoir si cette nouvelle tendance est durable et quelles en seront les conséquences. |
PATRIMOINE Des années 1930 à aujourd’hui, à Nantes/Saint-Nazaire, le cinéma amateur a beaucoup évolué : les milieux sociaux concernés, les techniques, les préoccupations esthétiques et politiques. Comme tout patrimoine vivant, le cinéma amateur est à la fois un reflet de son époque et un outil de sa transformation. Nous poursuivons la publication d’extraits du journal de guerre de Maurice Digo, cent ans tout juste après leur rédaction. Des extraits choisis par Véronique Guitton et Delphine Gillardin, des Archives municipales de Nantes où sont conservés les carnets de Digo. |
SIGNES DES TEMPS > Bloc-notes de Thierry Guidet > Critiques de livres > La chronique de Cécile Arnoux > La chronique de Jean-Luc Quéau > Les expositions > La chronique d’architecture de Dominique Amouroux |
CONTRIBUTIONS Résumé > Avec un seul canton d’avance, la gauche a sauvé la Loire-Atlantique. Mais elle est minoritaire en voix. On peut faire deux lectures de ce résultat : estimer que dans un contexte national très défavorable la gauche continue à résister dans l’Ouest, cette région jadis conservatrice devenue un bastion socialiste ; ou, au contraire, noter que la droite reconquiert progressivement le département et grignote un périurbain qu’on croyait acquis à la gauche. Mais aucune des lectures de ce scrutin ne doit occulter d’autres réalités : l’abstention massive, la croissance des votes blancs et nuls, l’ancrage du Front national qui jouera un rôle lors élections régionales. Résumé > À la suite d’une chute violente dans la rue, un médecin est transféré aux urgences du Centre hospitalier universitaire de Nantes. Son témoignage est riche d’enseignements sur l’accueil que réserve l’hôpital public aux patients ainsi que sur la question si controversée de l’extension du tiers payant. |
INITIATIVES URBAINES Le Corbusier en était persuadé : rien ne sert de consulter les habitants. Seul le grand architecte sait comment il faut construire des « machines à habiter ». Par une sorte de ruse de l’histoire, cette posture intransigeante n’a pas empêché les résidents de la Maison Radieuse de Rezé de réinventer au fil du temps l’œuvre du maître. Sans doute parce qu’elle était assez forte pour cela. Habiter autrement dans un habitat différent. La Maison radieuse à Rezé ; les Petits Moulins, à Rezé également . La Bosse, à Saint-Nazaire : dans des contextes bien différents, trois exemples d’une volonté commune. |