Eté 2021

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édito
Tourisme, une nouvelle donne

Un littoral et des stations balnéaires, un vignoble de plus en plus fréquenté, des zones humides mises en valeur, une métropole qui gagne des visiteurs… La Loire-Atlantique a toutes les cartes en main pour s’installer comme une des destinations phares françaises. Mais l’épidémie de Covid-19 est passée par-là et a bousculé les certitudes. Que sera le tourisme demain à Nantes et en Loire-Atlantique? Doit-il également se tourner vers le passé et relancer un tourisme social? Voici quelques éléments de réponse.

L’industrie du tourisme et les vacances, ce n’est pas la même chose! Pour ouvrir notre dossier, l’anthropologue Saskia Cousin précise combien la première a pu être secouée par la crise sanitaire, victime de sa propre logique, alors que les secondes, revisitées, réorganisées, redécouvertes, demeurent «un impératif de reconnaissance sociale» après une année de labeur. Au passage, l’universitaire souligne encore que les vacances sont éminemment bonne pour la santé publique! Et si un peu plus de la moitié des Français ont pu partir en vacances durant l’été 2020, les séjours raccourcissent. Quant aux classes populaires, plus de la moitié des enfants ne partent tout simplement pas…
Avec la redistribution des cartes touristiques induite par l’épidémie, la Loire-Atlantique a des atouts à faire valoir estime Agnès Broquet, la directrice du «
Tourisme durable» à Loire-Atlantique développement, l’agence d’ingénierie du Département qui intervient auprès des collectivités. Premier atout, et non des moindres puisqu’il a permis de sauver la saison estivale 2020, les visiteurs de la Loire-Atlantique sont d’abord… Français – et très majoritairement en provenance du grand quart nord-ouest. S’il ne s’agit surtout pas de négliger la clientèle étrangère – soit un touriste sur dix –, tout l’enjeu est aujourd’hui de prolonger le séjour des visiteurs qui restent un peu moins de trois jours dans le département, composant leur séjour entre littoral, Nantes et vignoble.
Les Pays de la Loire, en particulier la Loire-Atlantique et la Vendée, ont été une terre d’élection pour les colonies de vacances au grand air
: nombre de villes de la région parisienne et d’entreprises publiques y ont disposé de locaux sur le littoral. Tombé en désuétude, ce tourisme social pourrait-il connaître un second souffle à la faveur de la crise sanitaire et d’une attention nouvelle portée à la santé des enfants et des familles? Amélie Nicolas, historienne et sociologue, et Jeanne Leman, architecte et diplômée de l’École des hautes études en sciences sociales, nous emmènent sur ce littoral atlantique à la recherche des traces de ces «jolies colonies de vacances» et de leur devenir – une recherche appelée Horizon des littoraux en déclassement, pilotée par l’École d’architecture de Nantes. Avec d’étonnantes découvertes comme ce «palais des gosses» de la Ville d’Argenteuil, monument littoral à Saint-Hilaire-de-Riez en Vendée, sur lequel veille, seul, un gardien depuis des années.
La désir d’un ailleurs hors des grandes villes s’est exprimé à l’issue du premier confinement du printemps 2020. Et l’écho d’un exode urbain s’est fait entendre – mais n’a pas en l’état été vérifié. Cela étant, le rapport aux résidences secondaires, et la Loire-Atlantique en est truffée, se modifie
: lieu de vacances, elle se transforme, accueille des télétravailleurs et est très demandée sur le marché immobilier. Laurent Devisme, sociologue et urbaniste à l’École d’architecture de Nantes, à l’affût de ce qui change dans nos vies et nos comportements, dresse un premier état des lieux à partir des travaux de ses étudiants. Tout en se demandant si, au final, tout ne reviendra pas comme avant…
Ils sont en quelque sortes les «
invisibles» de la saison: pourtant, sans saisonniers… pas de saison, pas de service! D’ailleurs, les échos des difficultés des hôtels, bars et restaurants à recruter des employés pour l’été témoignent d’un secteur sous tension. D’autant que, comme le montre Marie Pouplet de l’Agence d’urbanisme de la région nazairienne, les saisonniers cumulent les difficultés en particulier pour se loger. Ce qui les oblige souvent à trouver un logement éloigné de leur lieu de travail, donc à circuler… Pour parer à cette difficulté, des communes commencent à identifier des solutions: ouverture d’internats durant l’été, logement intergénérationnel, etc.
L’heure de Nantes et du tourisme urbain est-elle passée
? Le Voyage à Nantes et sa ligne verte longue désormais de 22 kilomètres, avec ses œuvres temporaires estivales et pérennes, ont-ils du plomb dans l’aile? Thierry Guidet, fondateur de la revue et observateur de longue date des mutations de la métropole nantaise, a questionné Jean Blaise, le directeur du Voyage. Ce dernier mise toujours sur le tourisme urbain – tout en ouvrant des «respirations», par exemple vers le vignoble –, mais il entend aussi les critiques. Il en convient: il faut aussi les prendre en compte.
Maire de La Baule, président du Comité régional du tourisme, Franck Louvrier est installé aux premières loges pour observer ce qui se joue en matière de vacances et de tourisme dans la région des Pays de la Loire. La diversité de l’offre doit permettre d’attirer différents publics, «
comme au restaurant, on veut le menu et la carte». Il souligne aussi le succès des itinéraires à vélo, plus particulièrement le succès estival de la Loire à vélo. Avec des cyclotouristes dont le panier moyen quotidien par personne est évalué à 80€. Une manne qui pédale! La sortie de crise sanitaire marque aussi le temps des grands chantiers: relancer le tourisme d’affaires, avec les congrès, figure parmi les enjeux prioritaires dans la région.
Directeur général de la Cité des congrès de Nantes, Denis Caille se positionne sur la même ligne
: dans un secteur à l’arrêt après trois épisodes de confinement, il est urgent que l’activité de congrès se relance d’autant qu’elle génère un chiffre d’affaires non négligeable pour les centres de congrès. En espérant aussi que l’habitude prise de rencontres à distance ne pénalise pas le retour «physique» des congressistes.
Intemporels, sites des jeux de l’enfance, arbre décharné, venelle urbaine, oies blanches… Les membres du comité de rédaction de
Place publique Nantes/Saint-Nazaire ont photographié des lieux qu’ils apprécient et mis quelques mots pour les raconter. Un tourisme de proximité pour notre petit patrimoine et rappeler que l’ailleurs est aussi à côté, l’aventure au coin de la rue.