mars-avril 2015

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édito
Cinquante numéros plus tard

Pour une fois, c’est de Place publique que nous parlons dans ce dossier. Parce que parler de cette revue, c’est porter un regard informé et exigeant sur Nantes/Saint-Nazaire.

Nombrilisme?
Pas forcément. Nous avons, à l’occasion, de ce numéro
50, décidé de parler de nous. Mais parler de cette revue c’est poser la question de l’état du débat public à Nantes/Saint-Nazaire. C’est jeter un regard sur deux siècles d’histoire des revues dans cette ville. C’est examiner ce qui se fait de comparable à Lyon, Bordeaux ou Paris. C’est récapituler le contenu de 8000 pages qui font de cette revue une encyclopédie en marche.
Bref, parler de
Place publique, c’est parler de Nantes/Saint-Nazaire, «de cette ville qui se fait et se défait sous nos yeux», comme nous l’écrivions il y a un peu plus de huit ans dans l’éditorial du premier numéro.

Pour ouvrir ce dossier, c’est à d’autres que nous avions confié la plume. Numéro
50 oblige, nous avons demandé à cinquante personnalités de nous livrer le témoignage le plus subjectif, le moins convenu possible sur le rapport qu’elles entretiennent avec la revue. Le choix de ces cinquante-là a quelque chose d’arbitraire. Bien d’autres auraient pu être sollicités. Nous avons cherché à exprimer la diversité de ceux dont la route a croisé la nôtre. Certains sont illustres, d’autres moins connus. Certains sont des lecteurs assidus, d’autres plus occasionnels. Certains sont nantais ou nazairiens, d’autres vivent loin de nos rivages.
On compte parmi eux des architectes et des écrivains, des militants associatifs et des élus, des syndicalistes et des philosophes, des chefs d’entreprise et des sociologues, des historiens, des journalistes, des chercheurs en science politique, des géographes, des cadres territoriaux…
La voix de chacun est singulière. On peut tout de même relever quelques convergences.
La première est une reconnaissance du poids des villes aujourd’hui, y compris sur la scène intellectuelle. « Il n’y a pas qu’à Paris qu’on réfléchit
», lance Joël Batteux, l’ancien maire de Saint-Nazaire.» Comme en écho, Alain Supiot, fondateur de l’Institut d’études avancées et professeur au Collège de France, voit dans cette revue «un pas de côté par rapport à la centralisation française» et Olivier Mongin, le directeur de la publication d’Esprit, «une revanche des villes».

Deuxième convergence sur la nécessité du débat. « Un poil à gratter salutaire
» pour le maire de Saint-Nazaire David Samzun; une façon «d’agiter le microcosme» pour l’élue écologiste Pascale Chiron; un lieu de rencontre et de confrontation «entre le monde de la recherche et celui de l’action» pour le politiste lillois Rémi Lefebvre.

Troisième trait commun, les remarques sur le périmètre territorial de la revue. Elle «
n’est pas qu’urbaine», souligne Philippe Grosvalet, le président du Conseil général. Elle «donne du sens à la dynamique Nantes/Saint-Nazaire», insiste Jean-François Gendron, le président de la Chambre de commerce quand l’économiste Laurent Davezies juge qu’elle offre «un reflet fidèle du territoire.» Certains, comme Christophe Clergeau, le premier vice-président du Conseil régional attirent l’attention sur l’existence d’une édition rennaise ébauchant «un territoire Loire-Bretagne».

Quatrième similitude, l’accent mis sur la fonction d’approfondissement de la revue. Le pari que nous avons fait, dès le premier numéro, de «
privilégier la raison à l’émotion, la durée à l’instant» est compris. Y compris par Adrien Pogetti, qui dirige la Cantine numérique ou par l’aménageur Franck Savage: les 140 signes d’un tweet, «c’est souvent un peu court!»
Dès lors, il n’est pas étonnant que Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes, au moment du lancement de la revue, la juge «
in-dis-pen-sable». Que Franck Louvrier, ancien conseiller de la communication de Nicolas Sarkozy, et abonné fidèle, appelle de ses vœux «les cinquante prochains numéros» tout comme Johanna Rolland et Patrick Rimbert, actuel et ancien maire de Nantes…

Place ensuite à un texte collectif du comité de rédaction sur le débat public dans la métropole, ses formes, ses acteurs, ses lieux, ses limites. L’actualité lui donne un caractère de gravité insoupçonné au moment où nous avions lancé ce projet.

Suit un mode d’emploi de
Place publique. Par ordre alphabétique, il donne des informations sur notre fonctionnement, nos ambitions, nos résultats. On commence par Architecture, on finit par Sœur en passant par Chiffres, Débats publics, Écrivains, Histoire ou Liberté. Les réponses à quelques questions que vous vous posiez peut-être sur cette revue…

Nantes/Saint-Nazaire n’est pas une île. Quelques années après le lancement de
Place publique, d’autres grandes villes ont éprouvé le besoin de se doter elles aussi d’un outil de réflexion et de débat: CamBo à Bordeaux, M3 à Lyon. La revue Urbanisme, née en 1932, est notre grande ancêtre. Tous urbains, créé récemment par un petit groupe d’intellectuels, pense en dehors des sentiers battus. Métropolitiques, une revue en ligne animée par de jeunes universitaires, joue d’ores et déjà un rôle remarquable à l’intersection de la recherche et de la réflexion politique. Nous avons réuni l’ensemble des animateurs de ses publications pour un riche débat qui a mis en évidence nos convergences et nos différences.
Coup de projecteur ensuite sur notre édition rennaise créée en 2009. Son rédacteur en chef Xavier Debontride nous relate son histoire et expose ses projets. Histoire encore, mais plus ancienne puisqu’elle remonte au 19
e siècle avec l’étude de Didier Guyvarc’h sur deux siècles de revues à Nantes. Très différentes les unes des autres, parfois éphémères, parfois durables, elles ont en commun de promouvoir la vie des idées dans une grande ville de province, une tradition dans laquelle, bien sûr, nous nous inscrivons pleinement.

Ce dossier se clôt sur un outil de travail qui rendra de précieux services aux lecteurs, aux étudiants, aux enseignants, aux journalistes, aux chercheurs… L’historien Alain Croix, qui ne rechigne pas aux tâches de bénédictin, a dépouillé les 8
000 pages de nos cinquante premiers numéros pour en dresser un triple index. D’abord, par mots-clés – pas moins de 674 – tous les sujets traités dans la revue. Une lecture savante, ou rêveuse, nous conduit de Abstention à Zola (quartier) en passant par Anne de Bretagne, Beurre blanc, Chantiers navals, Eurocités, Hellfest, Loire, New York, Registres paroissiaux, Syndicalisme agricole, Transports urbains, Vache nantaise… Tout, ou presque, sur Nantes/Saint-Nazaire…

Second mode d’entrée dans notre collection
: toux ceux dont Place publique a rendu compte du travail de création qu’il s’agisse de beaux-arts, d’écriture, de musique, d’architecture… Dans cette liste de 1 288 noms, voisinent l’architecte Michel Bertreux et le pianiste Boris Berezovsky, le romancier Pierre Michon et la poète Hélène Cadou, le photographe Raymond Depardon, la chanteuse Liz Cherhal, le dramaturge Wadji Mouawad, le groupe Pony Pony Run Run, la philosophe Chris Younès… Cette ville est une planète.

Enfin, la liste de tous ceux – de toutes celles – qui ont écrit dans cette revue où qui s’y sont exprimés à l’occasion d’entretiens ou de débats. On renonce à les citer. Ils sont 742. Joli gage de diversité, de pluralisme, de rassemblement des savoirs et des talents.
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